Avec » Croire aux fauves « , Nastassja Martin nous emporte vers son étrange, folle et violente rencontre avec un ours … comme une part d’elle-même enfin découverte. Elle y a laissé son visage broyé par l’animal, lors d’un séjour dans les forêts de l’Extrême-Orient russe, au Kamtchatka, où l’auteure fait son métier d’anthropologue. Elle frôle la mort et le vit comme une naissance. Un récit juste magnifique.
Citations :
(page 56) « Je voudrais lui expliquer que je collecte depuis des années des récits sur les présences multiples qui peuvent habiter un même corps pour subvertir ce concept d’identité univoque, uniforme et unidimensionnel . »
(page 124) « Je dis qu’il y a quelque chose d’invisible, qui pousse nos vies vers l’inattendu . »
(page 142) « C’est toujours comme ça ici, rien ne se passe comme on veut, ça résiste. Je pense à toutes ces fois où le coup ne part pas, où le poisson ne mord pas, où les rennes n’avancent pas, où la motoneige toussote. C’est pareil pour tout le monde. On essaie d’avoir du style mais on trébuche, on s’enfonce, on clopine, on tombe, on se relève. Ivan dit qu’il n’y a que les humains pour croire qu’ils font tout bien. Que les humains pour accorder une telle importance à l’image que les autres ont d’eux. Vivre en forêt c’est un peu ça : être un vivant parmi tant d’autres, osciller avec eux . »
Paru aux Editions Verticales – 2019